La Grande Évasion - Couverture du livre

La Grande Évasion

Anna Pope

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Chapter
15
Age Rating
18+

Summary

Ira a été entraînée toute sa vie à chasser et à tuer des loups-garous par son père violent, le chef du clan des chasseurs. Le jour de son dix-huitième anniversaire, elle est censée tuer son premier loup-garou et s'engager envers le clan, mais au lieu de cela, elle tourne le dos à tout ce qu'elle sait et s'enfuit avec le loup qu'elle est censée tuer. À présent, elle est encerclée par une meute de loups-garous et à la merci de leur alpha, qui n'arrête pas de l'appeler " compagne ".

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La grande évasion

Ira

« C'est l'heure, Ira », dit Père depuis l'entrée de ma petite « chambre ».

Je doutais que quiconque considère le placard à balais dans lequel j'étais assise comme une chambre, mais c'était tout ce que j'avais toujours connu. Même si c'était une cellule de prison, c'était mon refuge, l'endroit que je détestais et que j'aimais en même temps.

Une fois que j'eus pleinement réalisé ce que j'étais sur le point de faire, je sentis l'effroi remonter dans ma poitrine. J'avais toujours su que ce jour viendrait, mais j'avais toujours espéré que quelque chose se produirait pour l'empêcher.

Je ne voulais pas faire ce qu'ils attendaient de moi, mais je savais ce qu'il ferait si j'osais désobéir à ses ordres. Je me levai donc rapidement, les yeux rivés sur le sol en essayant d'éviter le contact visuel, comme on me l'avait appris.

« Oui, Père », chuchotai-je.

Après quelques minutes de tension, où j'avais l'impression qu'il me perçait le crâne et où j'essayais de ne pas me recroqueviller de peur, sachant pertinemment que tout signe de lâcheté de ma part ne ferait que le provoquer davantage, il se retourna enfin et me conduisit au bout du couloir.

Je soupirai de soulagement, car la dernière chose que je souhaitais à ce moment-là, c’était qu'il déchaîne sa colère contre moi. J'étais nerveuse à l'idée d'accomplir ma tâche, et cela n'aurait fait qu'ajouter du stress à mes nerfs déjà mis à rude épreuve.

Je sentis une douzaine de paires d'yeux braqués sur nous, qui observaient et jugeaient chacun de mes mouvements alors que nous traversions la maison. Leurs regards me mettaient mal à l'aise, mais je réussis à garder mon visage vide de toute émotion lorsque nous passâmes à côté d'eux et sortîmes.

Père s'arrêta à la lisière de la forêt, et je fis de même, fermant les yeux et serrant mes mains en poings pour tenter de les empêcher de trembler.

Un gémissement doux et pitoyable parvint à mes oreilles. En regardant à travers mes cils, je vis un grand loup blanchâtre couché sous les jambes de mon père, dans une cage trop petite pour lui. Sa fourrure douce était couverte de sang et de terre, et il avait une horrible entaille au-dessus de son œil droit.

Sa respiration était faible et saccadée, mais ses yeux jaunes étaient vivants et brillaient de haine lorsqu'il me fixa. Je frissonnai en croisant son regard, et fis inconsciemment un pas en arrière.

Mon cœur se serra à la vue de cette créature brisée. Rien qu'à l'idée de ce qu'on attendait de moi, j'avais envie de m'enfuir très loin.

« Ira », entendis-je Père m'appeler, le visage aussi rigide qu'un masque de pierre et la main tenant un pistolet tendu vers moi. Je pris une profonde inspiration, poussant mon corps à coopérer.

Saisissant l'arme d'une main tremblante, je la pointai vers le loup. Nos regards se croisèrent, le sien était dur et plein de haine, et le mien se remplissait de larmes, que j'essayais de combattre.

« Ira, maintenant ! » cria Père, me faisant sursauter, et j'acquiesçai de la tête.

Le loup continuait à me fixer, son regard était presque curieux à présent. Il ferma ensuite les yeux et baissa la tête vers le sol.

Je fermai les yeux à mon tour, incapable de regarder la pauvre créature plus longtemps. Je voulus appuyer sur la gâchette, mais une petite voix dans ma tête m'en empêcha : Si tu fais cela, tu le regretteras toute ta vie !

J'essayai de la chasser et de l'ignorer, mais elle devenait de plus en plus forte à chaque seconde qui passait, j'étais sûre de devenir folle.

« Qu'est-ce que tu attends ? Fais-le ! », me cria Père, tandis que sa voix dure me faisait serrer les mâchoires d'agacement.

Je le regardai et vis un affreux rictus sur son visage, et je réalisai à quel point je le détestais. Il m'avait torturée toute ma vie. Les souvenirs de coups et d'insultes m'envahissaient, et je sentais la colère me brûler de l'intérieur.

Mon corps se mit à trembler en revivant chaque jour de ma misérable existence, puis quelque chose se brisa en moi. « Non ! » criai-je, et je déplaçai ma main de façon à ce que l'arme soit maintenant pointée dans sa direction.

« Mais qu'est-ce que tu fous, bon sang ? », grogna-t-il tout en gardant ses distances.

« Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps. Ouvrez cette putain de cage », lui ordonnai-je d'une voix forte et inhabituelle, qui ne me ressemblait pas du tout.

D’après l'expression du visage de Père, je sus que je n'étais pas la seule à être surprise.

Il déverrouilla la cage, visiblement mécontent. Un regard de pure haine traversa son visage alors qu'il fixait l'arme pointée sur sa tête. Il recula rapidement lorsque le loup sortit de la cage.

« Cours ! » criai-je au loup en lui montrant les bois derrière nous.

Mais il restait là, ancré au sol, me regardant avec de grands yeux.

« Allez, qu'est-ce que tu attends ? Fuis ! » criai-je à cette créature têtue.

Mais il resta là encore quelques minutes avant de s'abaisser sur le sol.

Il secoua la tête devant moi avant de se tourner vers la maison d'où sortait le reste du clan, qui se demandait probablement ce qui prenait tant de temps.

Je le regardais avec confusion jusqu'à ce que mon esprit comprenne ce qu'il essayait de me dire. Il voulait que je l'accompagne.

Je ne savais pas quoi faire. D'un côté, si je restais, je serais probablement morte le lendemain matin, de l'autre, si je partais avec lui, je découvrirais enfin ce qui m'attendait là-bas.

Je ne connaissais personne en dehors du clan, je n'avais même jamais mis les pieds hors de nos terres. Il me fallut une minute pour prendre une décision avant de sauter sur son dos, mes bras s'enroulant autour de son cou et mes doigts s'agrippant à sa fourrure.

Les voix venues de la maison s'amplifiaient tandis qu'il se mettait à courir à travers la forêt à la vitesse de l'éclair. Je jetai un dernier regard à l'endroit que j'avais appelé ma maison toute ma vie avant de me retourner, ne me sentant pas du tout préparée à affronter l'inconnu.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

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